David Gemmell
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Entretien par Stan Nicholls (1996)

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White Square Suite

Message par Spookycrow Jeu 13 Aoû - 12:46

Entretien avec David Gemmell par Stan Nicholls
(publiée dans SFX en 1996)
L'encyclopédie anglaise de Clute et Nicholls, Encylopedia of Science Fiction, dit de David Gemmell (le leader actuel de l'Heroic Fantasy en Grande Bretagne) que c'est un " esprit coriace, ferme et résolu ". Après l'avoir rencontré, on pense que " coriace " suffit…
Stan Nicholls discute avec le créateur de Sigarni the Hawk Queen, de Jerusalem Man, et de Druss l'homme à la hache, peu avant la publication de son roman The Legend Of Deathwalker [La légende de Marche-Mort]…
David Gemmell est assis dans son repaire de Hastings, où il habite, entouré d'une panoplie d'épées, de boucliers, de couteaux et d'armes à feu. Pour l'auteur best-seller d'Heroic Fantasy du Royaume-Uni (un homme qui a établi son territoire dans la partie la plus " muscle et action " du genre, avec 19 romans [à l'époque de l'interview ; d'autres ont suivi] et plus d'un million d'exemplaires vendus) l'armurerie semble en quelque sorte appropriée...

Mais Gemmell insiste sur le fait que les gens qui l'ont taxé de "violent" sont passés à côté de l'essentiel.
"Il n'y a pas de violence gratuite dans mes livres. C'est juste qu'ils se déroulent dans des mondes de style médiéval, souvent en plein milieu d'une guerre, et on ne peut pas éviter la violence dans ce genre de situation."

Et la violence a certainement joué un rôle dans sa propre vie…
"J'ai grandi dans un quartier très dur de Londres, explique-t-il. Avant d'avoir 16 ans, j'avais déjà plus de 60 points de suture suite à des bagarres."

Alors, quel a été le pire moment ?
"Le pire fut aussi le meilleur. C'était la veille d'un GCE exam, et j'étais allé avec quelques amis voir un groupe dans un club. Une bande de durs à cuire bien connus est entrée et trois d'entre eux venaient pour moi. Ils m'ont cassé le nez, ainsi que le bras gauche en trois endroits. Ce fut le pire de l'histoire. Le meilleur, c'est que je suis resté assis toute la nuit à apprendre à écrire de la main droite, et j'ai passé l'examen le lendemain. Et, encore mieux, je suis devenu le héros de l'école. Ce fut le tournant de ma vie et tout ce qui a suivi en a découlé."
Il considère que les politiciens occupent le plus bas échelon de la chaîne alimentaire.
"Je les déteste cordialement. N'importe quel politicien peut vous convaincre qu'un sandwich à la merde est nourrissant et délicieux. Et les meilleurs d'entre eux vous baratineront pour vous faire croire que vous êtes le seul à ne pas en aimer le goût. Si ces salauds sont la réalité, donnez-moi de la Fantasy quand vous voulez !"
Ce qui nous amène à la raison pour laquelle il a choisi d'écrire de la Fantasy dès le début. A l'exception d'un thriller, White Knight Black Swan, publié en 1993 sous le pseudonyme de Ross Harding, toute son œuvre est de la Fantasy d'une manière ou d'une autre. Qu'est-ce qui lui plaît là-dedans ?
"J'adore ce genre littéraire. A travers toute l'histoire, les sociétés l'ont utilisée pour enseigner aux jeunes ce qui est juste et ce qui est mauvais, à discerner le bien et le mal. La bonne Fantasy répond à un besoin profond chez les jeunes. Ils ont des rêves romantiques, ils forment une génération en quête d'idéaux. Le cynisme ambiant ne les a pas encore corrompus. Mais à mesure qu'ils grandissent, certains d'entre eux sont absorbés par une sorte de maladie. Ils arrêtent de se demander pourquoi, dans les centres d'aide aux femmes violées, on leur conseille de crier Au feu ! quand elles se font agressées, car si elles crient Au viol ! personne ne viendra les aider. Ils commencent à employer des expressions comme C'est pas mon problème et Ne t'en mêle pas. La Fantasy ne raconte pas comment se décharger des responsabilités sur les autres, ou ne vivre que pour les stocks options."

Alors ça parle de quoi ?
"Des héros. Des gens qui font le bien sans tenir compte de ce que ça leur coûtera. Les héros de Fantasy ne disent pas Eh bien, c'est normal de virer un type du pays parce que l'Arabie saoudite menace d'annuler un contrat d'armement. La Fantasy traite de l'absolu. C'est l'antithèse du compromis. S'il y a une chose que j'aimerais bien arriver à obtenir avec mes livres, ce serait d'augmenter le désir des gens à faire le bien. Ce que je dis dans mes livres, c'est que les héros ne font pas de compromis. Ils n'en font tout simplement pas, même si en face le mal est colossal. "
Gemmell a reçu une lettre d'un fan l'année dernière qui souligne nettement ce point.
"Ce garçon me racontait qu'il était en train de promener son chien, quand il a vu deux hommes attaquer une femme. Il s'est précipité sur eux et ils se sont enfuis. Il disait qu'il venait juste de terminer de lire un de mes livres, et qu'il pensait que c'était pour cette raison qu'il avait agi si spontanément. Je ne peux pas vous dire ce que ça m'a fait de lire ça ! Mais ça ne m'a pas surpris, en fait. Je m'attends, en un sens, à ce que les fans de Gemmell soient comme ça. Et je crois sincèrement qu'aucune femme ne serait obligée de crier Au feu ! s'il y avait un fan de Gemmell dans le coin. Les gens qui ne comprennent pas la nature de l'héroïsme ne lisent pas mes livres, ou, s'ils le font, ils ne les comprennent pas, et donc ne les aiment pas. Comme j'ai été journaliste, je sais que mon travail n'obtiendra jamais de grands articles dans la presse de qualité."
Une seule fois, il a mal réagi à une mauvaise critique.
"Quand j'ai commencé à écrire, j'ai décidé que je me tiendrai aussi éloigné que possible du style de Fantasy de Tolkien. Je pensais me concentrer sur la définition des personnages, en basant les héros sur des personnes réelles. Et puis je me suis pris un coup de pied au cul de la part du Daily Telegraph qui disait : "La seule chose que j'ai aimée dans Waylander 2 (une imitation de Tolkien sans personnages définis), c'est la fille hommasse sur la couverture." Je me suis dit que le critique n'avait pas lu mon livre, ou alors que c'était un imbécile. Or il m'a dit qu'il avait lu le livre. Bon, eh bien, le monde n'est jamais à court d'imbéciles."
L'attitude de l'intelligentsia face à la Fantasy et aux genres qui s'en rapprochent persuade les lecteurs de littérature générale de les éviter. Je me suis demandé si Gemmell se sentait écarté d'un lectorat potentiellement plus large.
"Non. Je suppose que ça m'énerverait si je n'avais pas gagné assez pour passer des vacances à Palm Springs. Bien que je constate que, pour des auteurs qui n'ont pas obtenu de succès commercial, le label Fantasy puisse poser un problème. Quelquefois on me dit : "Mais si plus de gens lisaient vos livres, je suis sûr qu'ils les aimeraient et…" Et puis quoi ? Je gagnerais plus d'argent. C'est alors une question d'échelle. Mes livres sont publiés, ils se vendent très bien et je gagne bien ma vie. Ça me donne la chance de faire ce que j'aime, à savoir d'écrire d'autres livres. Ma fonction, en tant qu'écrivain, est de divertir. Au départ de me divertir moi-même, et ensuite de divertir d'autres personnes."
Est-ce que le fait de baser ses personnages sur des gens réels lui a causé des problèmes ?
"Quand j'écrivais Waylander, j'ai décidé d'y mettre tous les gens avec lesquels je travaillais. Juste après qu'il ait été publié, en 1986, je me suis fait virer. Apparemment, le directeur général y avait vu une attaque venimeuse contre son intégrité. "
A l'évidence, le fait de prendre pour modèles des personnes réelles ajoute de la crédibilité, aussi bien pour Gemmell que pour ses fans. "Vous devez vous persuader que ce que vous écrivez est réel. Vous devez croire que les personnages existent vraiment, que la situation dans laquelle ils se trouvent est terrible et qu'ils doivent s'en sortir. Vous ne pouvez pas rester assis en vous disant : Ce sont juste des points clignotants sur un écran d'ordinateur, il ne va rien leur arriver. Pour moi, c'est la réalité. Si je suis vraiment à plat en allumant mon PC, l'un de mes personnages va se poser une question. Ça peut être aussi simple que : Mais qu'est-ce qu'on est en train de faire ?, ou bien : A quoi bon, tout ça ? La question n'est pas importante, elle pourra être modifiée plus tard. Ce qui importe, c'est que ça pousse les personnages à raisonner, et à travers eux, je vois où se dirige l'histoire. A mes débuts en tant qu'écrivain, je changeais sans cesse plein de choses, jusqu'à ce que j'apprenne à faire confiance à mes personnages. Maintenant, je suis dans une position plus agréable, je n'ai plus tout un tas de modifications et de réécriture à faire."
L'une de ses créations les plus vivantes, Jon Shannow le solitaire, lui a été inspirée par quelqu'un qu'il a connu trente ans auparavant.
"Le modèle réel de Shannow est un homme qui a plus tard fait de la prison pour vol à main armée. Je ne le nommerai pas. C'était un homme très étrange, mais j'en suis arrivé à l'aimer énormément. Dans les années 60, quand tout le monde s'est mis à délirer, il continuait à porter des costumes vieux de dix ans. Ce type se contrôlait d'une façon incroyable. En permanence. Mais si jamais il lui arrivait d'être violent, c'était redoutable. Et il voyait vraiment le monde en noir et blanc."

Gemmell et lui sont allés à une soirée ensemble…
"Ce n'était pas ma soirée", se souvient Gemmell, "et connaissant son talent pour la violence, j'ai dû lui faire promettre qu'il ne cognerait personne. La soirée n'était pas terrible et je suis parti. Lui, il est resté. La fille qui organisait la soirée voulait savoir si son copain était un vrai dur, alors elle lui a dit : Ce type n'est pas invité, fous-le dehors. Le garçon est allé lui dire : Vous n'êtes pas invité, foutez le camp. Mon ami a expliqué que c'était moi qui l'avais invité. Oui, eh bien ce n'est pas la soirée de Dave, alors foutez le camp, a répondu le garçon.
Bon, cet homme avant promis de ne pas se battre, mais là, il se faisait insulter. Alors il a jeté son whisky à la figure du gars, puis il a levé la main bien haut et a écrabouillé le verre. Il avait des morceaux de verre plantés dans la main et le sang dégoulinait, mais il se contentait de regarder le garçon dans les yeux. Ce dernier était terrifié, comme n'importe qui le serait. Parce qu'il comprenait, à ce moment précis, qu'il avait affaire à un cinglé… "
Gemmell avoue que Shannow est l'un de ses personnages préférés. Il est tentant de lui demander si c'est parce qu'il s'identifie à lui.
"Oh, oui. Shannow est de tous ceux que j'ai décrits le plus proche de moi. Bien que j'ai la chance d'être très aimé de ma femme et de mes amis proches, je suis resté au fond, à cause de mon enfance, un homme solitaire. Je n'ai jamais fait l'expérience de la camaraderie que je décris dans les livres. J'ai appris dans ma vie que lorsqu'on a des problèmes, on est tout seul. Et c'est le mieux. Il ne faut pas se préoccuper des autres, il ne faut pas se demander qui va vous aider. Parce que personne ne le fera. Ça vous rend plus fort."
Cela rappelle le genre d'attitude souvent manifestée par ses personnages. Est-ce que ça s'étend aussi à sa vie professionnelle ? Quels auteurs, par exemple, voit-il comme ses principaux rivaux ?
"Je n'ai pas de rivaux. Je suis un raconteur d'histoires, pas un boxeur. Il y a des écrivains que j'admire et pas mal d'autres que je n'aime pas. Mais est-ce que ça a voir avec de la rivalité ? Je vends plus que certains, d'autres vendent plus que moi. Certains sont loués par les critiques, d'autres sont méprisés. On ne peut pas avoir de jugement définitif sur la qualité d'un roman, donc il n'y a pas de point de départ à quelque rivalité que ce soit."
Après douze ans de carrière exclusivement dans la maison d'édition Random House, David Gemmell a récemment changé pour aller chez Transworld, une division de Bantam Press. Ce mois-ci, ils publient son dernier roman, The Legend of Deathwalker [La légende de Marche-Mort], une nouvelle aventure de son héros très populaire Druss, le guerrier qui a débuté dans Légende, son premier roman. Gemmell nous parle de cette décision…
"Les gens de Random House sont une super équipe, mais il était temps pour moi d'aller de l'avant. On s'était un peu usés ensemble et ça provoquait quelques accroches, principalement au sujet du marketing et des couvertures. Mais j'ai beaucoup plus de bons souvenirs d'eux que de mauvais."
Pourquoi avoir choisi d'aller chez Transworld ?
"Pourquoi pas ? J'ai dit à mon agent que je voulais rencontrer l'équipe de Transworld avant de signer un contrat. Quand je suis passé les voir, ils m'ont demandé ce que je voulais manger pour déjeuner. J'ai répondu une pizza. On est allé chez Pizza Hut, au coin de la rue, et c'était plein de gens de Transworld qui déjeunaient ensemble. Pas d'élitisme, les chefs et les employés côte à côte. J'ai su tout de suite que c'était là que je voulais être."
Donc, ce n'est pas les 600.000 livres dont on a parlé qui vous ont attiré là-bas ?
"Non, c'est la pizza. Et il se trouve que c'est vraiment un endroit agréable où travailler."

Il soutient que, quelles que soient les circonstances, l'argent n'est pas aussi important pour lui qu'autrefois.
"Je suis parti en vacances en Arizona récemment et un ami m'a demandé à quoi ressemblait le désert. Je le lui ai décrit et il m'a dit : Okay, mais je voulais dire, qu'est-ce que tu ressens quand tu le traverses à pied ? J'ai soudain réalisé que je n'avais vu le désert que depuis une limousine à air conditionné tandis que je roulais en direction de Phoenix. Ça m'a donné à réfléchir. Il y a vingt ans, j'aurais eu un sac à dos et j'aurais fait du stop. L'argent vous isole de la réalité.
Spookycrow
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Légionnaire de la Martia victrix

Date d'inscription : 12/08/2009

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