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Graham Joyce, Au coeur du Silence

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White Square Graham Joyce, Au coeur du Silence

Message par Oncle Kiin Sam 28 Sep - 16:59

Pas de la fantasy, mais un coup de coeur perso :
Graham Joyce, Au coeur du Silence <a href=Graham Joyce, Au coeur du Silence Coeur10


Souvenez-vous du goût de la vie...

Zoe et Jake espéraient profiter en amoureux des joies des sports d’hiver, mais une avalanche les attend au détour d’une piste enneigée.
Alors qu’ils parviennent miraculeusement à s’en sortir, de retour à l’hôtel, les rescapés découvrent que la ville a été désertée.
Redoutant le pire, ils tentent de trouver refuge dans la station voisine. Peine perdue : quelque chose les pousse systématiquement à revenir sur leurs pas.
Pris au piège dans ce lieu glacial, les voilà condamnés à un huis clos qui va révéler la force de leur amour.


Commentaire :
Je n’avais jamais lu Graham Joyce, hormis une nouvelle dans une antho si ma mémoire est bonne.
Je pense désormais m’intéresser de très près – un jour ou l’autre – au reste de sa bibliographie, tant ce roman m’a bouleversé par ses qualités de beauté, d’intelligence et d’intuition.

Pour commencer, c’est une écriture qui me parle. Graham Joyce appartient à ces auteurs qui possèdent une écriture immersive, charnelle, soudain saisissante, juste ce qu’il faut entre l’ordinaire et le poétique. Le genre d’écriture qui ressemble en tout point à la trame de la vie, presque une expérience de réalité virtuelle, en somme.

Mais surtout, il y a un passage en particulier qui est tout simplement merveilleux. Quand les deux protagonistes « donnent goût au vin » : c’est-à-dire quand ils essaient de se souvenir du goût du vin, l’un pour l’autre – puisque dans le silent land, ils sont peu à peu en train de perdre leurs sensations naturelles, et doivent se décrire mutuellement une sensation pour être capables de l’éprouver à nouveau.
Ce passage est d’une beauté et d’une pertinence à couper le souffle. C’est à la fois une mise en abîme étourdissante sur le travail d’écriture, la perception des choses et cette étrange forme de narration qu’on appelle conscience, mais aussi une vision d’une profondeur inouïe sur la vie, la mort et l’amour.
À quoi ça sert d’écrire, de décrire les choses, qu’est-ce ça signifie ? À quoi ça sert de partager la vie de quelqu’un sur la longue durée, qu’est-ce ça signifie ? L’auteur nous fait comprendre le sens et la valeur des deux actes fondamentaux qui forment à mes yeux le cœur de l’existence, de la conscience, du sens, et de la relation à autrui : témoigner et se souvenir.
Avec ce choix de métaphore éminemment judicieux que celui de l’analyse du goût du vin, dont le vertige sensoriel se calque à la perfection sur la transe quasi autistique générée par le spectre conceptuel ici balayé.
Bref, c’est vraiment très réussi. Cette multitude de significations concentriques qui s’épanouissent soudain... Je n’avais pas ressenti une telle lame de fond littéraire, esthétique et existentielle depuis les Heures, de Cunningham.
C’est le vraiment LE passage de ce bouquin, mais il y en a plusieurs autres qui valent également le détour. Quelques portraits de personnages extrêmement justes, mais aussi et surtout, à plusieurs reprises, des descriptions parfaites de ces « instants précis » indéfinissables, ces moments inexplicables qui surgissent parfois au milieu de la vie ordinaire et qui recèlent en eux toute l’éternité.

De nombreux passages, également, imprégnés de spiritualité païenne, de manière de plus en plus explicite au fil du roman. J’ignore si c’est purement intuitif et fortuit ou bien si ça témoigne d’un intérêt personnel de l’auteur, mais j’ai apprécié.

Concernant l’intrigue, le « mystère » en lui-même est absolument secondaire, avec même un petit côté Musso/Lévy si on voulait être méchant. Mais on s’en fout, ce n’est évidemment pas l’essentiel.

L’essentiel, c’est une vision du monde et de l’existence, et surtout cette justesse d’écriture incroyable pour la partager.

Et... c’est justement pour ça que je ne vais pas naturellement vers ces bouquins, que j’en lis si rarement. Pour ça que quand quelqu’un me conseille un livre qu’il a trouvé « bouleversant », qui a « changé son regard / sa vie », j’aurais plutôt tendance à le ranger immédiatement dans la case « ah oui super, peut-être un jour dans longtemps, ou jamais ».
Parce que c’est le genre de livre qui fait doublon avec la vie. Avec l’essence de la vie, je veux dire.
C’est bête et méchant, mais il y a toujours une partie de moi qui les considère comme des livres « inutiles ». Essentiels, mais inutiles. Et vaguement dérangeants, presque parasites.
Quand j’en lis un très bon, une fois tous les dix ans, ça me balaye, et ici c’était réellement le cas. Mais je ne ressens aucun besoin d’aller vers ces livres. Un bouquin comme ça, c’est toujours un peu trop, un peu en trop.
Ça va même au-delà de ça : en fait, quand j’en lis un, je sais que je ne serai pas prêt pour en accueillir un autre du même type avant quelque temps. Genre plusieurs années.
Au Cœur du silence est merveilleux, fascinant, mais voilà, je sais déjà que ça suffira largement à me nourrir en matière de bouquins « existentiels » jusqu’à la prochaine décennie.
Oncle Kiin
Oncle Kiin
Tribun de la Pia fidelis

Date d'inscription : 12/02/2013

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