Fred Saberhagen, les Berserkers

De puissantes et froides machines à tuer, venues des profondeurs de l'espace et du temps, programmées par de mystérieux concepteurs pour éradiquer inexorablement toute forme de vie sont envoyées dans le passé pour tuer la future mère d'un guerrier et empêcher celui-ci de naître.

Ce pitch vous rappelle-t-il quelque chose ? Et bien non, ce n'est pas de la trame centrale du film Terminator que je vais vous parler de ce topic, mais de la série des Berserkers, une suite de huit romans de space opera très populaire aux Etats-Unis, débutée en 1967 par Fred Saberhagen, un auteur américain dont, je l'avoue avec un peu de honte, je n'avais jamais entendu parler avant qu'Albéric ne me le conseille. Le synopsis que je viens de vous livrer est plus précisément celui second volume, Frère Assassin.

Vous aurez bien entendu remarqué la similitude scénaristique avec le film de James Cameron. Étrangement, ce dernier n'a jamais, à ce qu'il me semble du moins, fait allusion à cet auteur comme source d'inspiration. Il s'est contenté de déclarer qu'avant d'écrire son scénario il aurait rêvé d'un « torse métallique se traînant hors d'une explosion, tenant des couteaux de cuisine » un soir qu'il était malade. Il a sans doute oublié de dire que le livre qui était posé sur sa table de nuit était un livre de Saberhagen !

Les huit volumes sont disponibles en deux recueils aux éditions de l'Atalante. Je viens de me procurer le premier à bon prix sur priceminister et ne manquerait pas de vous faire part de mon avis dès que je l'aurai terminé.



Pour la petite histoire, Saberhagen a été sollicité par Francis Ford Coppola pour le scénario du film Dracula. Il est vrai que le prince des vampires est le héros principal d'un second cycle, dans le registre fantastique cette fois : Les Chroniques de Dracula.

Il est en outre l'auteur de deux cycles d'Heroic Fantasy, non encore traduit en français : Empire of the East et Book of swords

Empire of the East

La trame est la suivante: afin d'éviter un holocauste nucléaire, un réseau d'ordinateur a généré une espèce d'impulsion qui a modifié les lois de la physique, rendant toute technologie avancée inopérante et rétablissant le pouvoir de la magie. Mais cette modification est aussi à l'origine de la création d'êtres magiques, dont le tout puissant Orcus, être démoniaque voué au mal, qui fonde l'Empire de l'Est. S'ensuit une guerre épique entre les forces du mal et les résistants humains. A noter que cette série a été écrite dans un contexte de guerre froide entre l'Est et l'Ouest dont les plus âgés d'entre nous se souviennent peut-être encore...

Book of swords

Le thème central tourne autour de douze épées magiques forgés par les dieux, chacune dotée d'un pouvoir, et sur la quête de divers protagonistes pour tenter de les acquérir et de les utiliser. La série s'étend sur plusieurs décennies et  sur le destin de dizaines de personnages différents.

Il est aussi l'auteur de plusieurs uchronies.

Enfin, il a collaboré avec l'Encyclopaedia Britanica pour laquelle il a signé l'article consacré à la science-fiction. C'est vous dire le niveau du bonhomme.

La saga des Berserkers est en fait une collection de nouvelles dans le même univers et sur le même thème : l'affrontement des humains et des machines.
Saberhagen ayant servi dans l'US Air Force durant la Guerre de Corée (1950-1953) avant de devenir ingénieur en électronique chez Motorola, c'est donc sans surprise qu'il fait cohabiter récits militaires et récits scientiques dans sa saga.
Ses idées vont être repompées par moult auteurs (Star Strek, Terminator, Warhammer 40 000... Glen Cook aurait voulu lui rendre hommage avec son Le Dragon ne dort jamais).

Frère Assassin est le seul roman de la saga.
Il se concentre sur la planète Sirgol qui grâce à une anomalie permet le voyage dans le temps. Les berserkers vont se servir de cette faille pour tenter d’annihiler l'histoire de l'espèce humaine de la Préhistoire au XVIIe siècle en passant par le Moyen-Âge. On va donc plus loin que Terminator, puisque le roman lorgne carrément sur la Patrouille du Temps d'Anderson.

Vous aurez bien entendu remarqué la similitude scénaristique avec le film de James Cameron. Étrangement, ce dernier n'a jamais, à ce qu'il me semble du moins, fait allusion à cet auteur comme source d'inspiration.

Si mes souvenirs sont bons, l'inverse n'est pas vrai. Fred Saberhagen aurait été très content de voir ses idées prendre vie sur grand écran. Tellement content qu'il n'aurait pas voulu porter plainte pour plagiat.