Interview (13/03/03)

Interview (13/03/03)


1) Il vient un moment où les auteurs sont en panne d'inspiration. Comment surmontez-vous ce problème ?

Le seul moment où j'ai été en panne d'inspiration, c'est quand j'ai arrêté de fumer. C'est bien plus qu'énervant. J'ai récemment arrêté de fumer pendant un mois, et je ne parvenais pas à écrire quoi que ce soit, je ne savais même plus comment écrire. Je m'asseyais et je regardais l'écran, lisant ce que j'avais écris auparavant, et je me disais: "cool, c'est pas mal du tout ça. Je me demande comment il a fait ça." Plus tard, et contre mon gré, j'ai repris mes cigarettes Benson, elles avaient un goût de merde et enfumait toute la maison. Mais j'écrivais de nouveau.



2) Comment réagissez-vous lorsqu'un livre ne marche pas ou lorsque beaucoup de fans pensent qu'il était en deçà de la qualité habituelle, tel que "Ironhands Daughter" ?

Les histoires ont une vie qui leur est propre, comme les individus. Il y en a que vous appréciez, d'autres que vous n'aimez pas. J'imagine que si j'ai la courtoisie de donner à mes fans un roman à chaque fois plein d'énergie, de passion et et dans lequel je crois, alors ils me pardonneront si un roman ne leur plaît pas. Dans mon expérience les lecteurs laissent tomber les auteurs quand ceux-ci commencent à développer des contenus pauvres et basés sur des clichés. Aussi longtemps que l'auteur s'inquiètera suffisamment de ses lecteurs pour leur donner le meilleur de lui-même, ceux-ci continueront de le suivre.



3) White Wolf est sous-titré « Book One of the Damned ». Quelle sera la suite donnée à cette histoire et combien de livres sont prévus ?

Je n'en ai pas la moindre idée. J'en suis à 20 000 mots pour White Wolf 2 ( The Swords of Night and Day) et je m'amuse beaucoup. Je ne sais absolument pas comment l'histoire va évoluer, ni s'il y aura un autre Skilgannon. Cela fait partie des joies de ce métier.



4) Quels sont vos projets après White Wolf ?

Après White Wolf 2, je vais me lancer dans l'écriture d'un important roman basé sur le siège de Troy.



5) Si vous disposiez des fonds nécessaires pour adapter au cinéma l'un de vos livres, avec un contrôle total sur le projet, lequel choisiriez-vous ?

Légende. Il sera toujours mon préféré et de plus il dispose de grandes qualités cinématiques. L'intrigue est située dans une forteresse gigantesque avec une poignée de héros. Cependant je ne voudrais pas avoir un contrôle total sur le projet, ce serait très probablement un désastre au box office. Par l'enfer, mais personne ne se souvient de ce qui s'est passé quand Stephen King a eu ce contrôle total ?



6) Lorsque vous passez plusieurs mois à travailler dur sur un roman, vous est-il déjà arrivé de revenir en arrière et de relire votre travail, et si oui, est-ce que vous l'appréciez ?

Je ne reviens jamais en arrière pour me relire. Je l'ai fait une fois pour l'édition américaine de Légende. Résultat : Je n'avais qu'une envie, l'imprimer et le retravailler. Il y a tellement de passages qui sonnent faux et de phrases maladroites. Ce livre a une place toute particulière dans le cœur des gens grâce à son énergie pure, à sa passion et à l'amour qu'il contient. Mais en tant que travail et technique d'écriture, il m'atterre.



7) Au fil des années vous avez écrit des histoires se déroulant sur les terres de Drenai, avec les drenai comme peuple clé. White Wolf semble être basé sur une culture totalement différente, mettant en scène seulement quelques personnages Drenai. Y aura-t-il d'autres histoires basées sur d'autres peuples tels que les Chiatzes ou les Sathulis ?

Ca ma dépasse ! Je ne me projette jamais aussi loin dans ce que je vais écrire.L'idée d'écrire White Wolf m'est venu lorsque j'ai reçu un e-mail d'une personne du service marketing de Transworld dont l'adresse était S.Kilgannon. J'ai regardé le nom et je me suis dit que Skilgannon est un nom très cool pour un héros.



8) Pagan/Kataskicana est un personnage mémorable, avez-vous déjà pensé à écrire un roman basé sur Pagan ou bien situé aux alentours de la Côte d'Opale ?

J'ai crée le personnage de Pagan sur les dires d'un jeune fan de Légende : "J'adore tes livres, mon pote. Tu sais de quoi tu parles." Je lui ai demandé ce qu'il voulait dire. Il m'a regardé en souriant et m'a dit : "Y'a pas de boulettes dans Légende". Ce fut une prise de conscience pour moi. Je n'avais pas encore réalisé le poids des responsabilités qu'un auteur pouvait avoir. En plus de distraire les lecteurs, nous devons être prudent et éviter les idioties et les maux des préjugés quelles que soient les formes qu'ils empruntent.



9) Dans de précédentes interviews, vous avez rappelé que tous vos livres sont basés sur le même monde à différentes époques. Comment faites-vous pour garder une cohérence dans la chronologie des différents cycles ?

Avec d'énormes difficultés. Heureusement j'ai une super équipe de lecteurs et de fans qui testent mon travail, et ma partenaire, Stella, garde le fil de ce genre de chose.



10) En se basant sur ce qui a été publié au sujet de White Wolf, il apparaît que pour beaucoup, Skilgannon aurait mérité de figurer dans les annales de l'histoire de Drenai et d'être mentionné dans d'autres romans. Qu'est-ce qui vous a amené à créer un tout nouveau personnage, dont il n'avait jamais été question dans le moindre livre, et ensuite à non seulement l'ajouter à la chronologie de Druss mais en plus à faire de Druss un personnage du roman ?

Je pense qu'il y a une faille dans votre raisonnement. La plupart des britanniques veulent lire des histoires au sujet de Coeur de Lion et de Robin des Bois, mais combien de lecteurs britanniques pourraient citer, disons, cinq héros de l'histoire française ? Ou de l'histoire espagnol ? Skilgannon s'est fait un nom dans l'Est, dans les guerres situées autour de Naashan et dans les territoires Angostin, au nord près de Kydor. Les chroniqueurs de l'histoire Drenai peuvent tout à fait ne jamais avoir entendu son nom.



11) Dans le cycle Rigante il y a une bonne partie de l'histoire qui n'est pas racontée, comme le retour de Banes et la chute de la Pierre, située entre Le Faucon de Minuit et Coeur de Corbeau. Pourquoi avoir sauté aussi loin dans la chronologie et pensez-vous un jour remplir ce vide avec un autre livre ?

Peut-être. J'ai un petit faible pour Bane et il se pourrait que je le fasse quand j'aurai trouvé une idée pour l'histoire.



12) Si vous pouviez réécrire le roman d'un autre auteur de fantasy, lequel choisiriez-vous et pourquoi ?

Oh ouais, et est-ce que vous fournissez un détecteur de mines antipersonnel avec votre question ? Vous réalisez que la réponse à une telle question viendrait me hanter chaque fois que je me rendrais à une convention. Cependant, je suis récemment revenu sur un passage d'un livre que j'aurai vraiment aimé écrire. J'étais en train de relire Le Seigneur des Anneaux, le livre que je préfère depuis mon enfance, et je suis arrivé à la scène où Boromir est tué et les hobbits Merry et Pippin enlevés par les orcs. Avec le temps qui pressait et les orcs qui disparaissaient à l'horizon, Aragorn, Gimli et Legolas prennent malgré tout le temps de préparer Boromir pour des funérailles. Puis ils composent des chansons à son sujet et le mette dans la petite embarcation. Puis c'est seulement ensuite qu'ils s'en vont pour sauver leurs amis. Heureusement que Peter Jackson n'a pas retenu tout ce passage pour le film.



13) Où avez-vous trouvé votre inspiration pour Légende ?

La peur de la mort. Je faisais des examens médicaux pour un cancer, et j'ai écris une histoire pour penser à autre chose en attendant les résultats.



14) Lorsque vous écrivez une histoire, savez-vous de quelle façon elle va se terminer ou est-ce que vous vous laissez porter par l'inspiration ?

Je me laisse guidé par l'inspiration du moment. Quelque fois ça marche joliment, d'autre fois je m'arrache les cheveux. Je n'ai pas de plans d'action, pas de story boards. J'invente au fur et à mesure jusqu'à la conclusion. C'est plus drôle comme ça.



15) Est-ce que la théologie présente dans vos livres reflète vos croyances ?

Je crois aux héros, et à la nécessité pour les gens de résister au mal. Je ne fais pas dans l'évangélisme. Je ne veux pas que les gens disent : "Oh oui, il est issu d'une culture chrétienne, ou d'une culture judaïque." Cependant, pour citer la bible, j'écris pour ceux qui ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre. Chacun doit trouver sa propre voie vers un accomplissement spirituel.

Spookycrow a écrit:



8) Pagan/Kataskicana est un personnage mémorable, avez-vous déjà pensé à écrire un roman basé sur Pagan ou bien situé aux alentours de la Côte d'Opale ?

J'ai crée le personnage de Pagan sur les dires d'un jeune fan de Légende : "J'adore tes livres, mon pote. Tu sais de quoi tu parles." Je lui ai demandé ce qu'il voulait dire. Il m'a regardé en souriant et m'a dit : "Y'a pas de boulettes dans Légende". Ce fut une prise de conscience pour moi. Je n'avais pas encore réalisé le poids des responsabilités qu'un auteur pouvait avoir. En plus de distraire les lecteurs, nous devons être prudent et éviter les idioties et les maux des préjugés quelles que soient les formes qu'ils empruntent.

C'est une erreur de traduction. Gemmell disait en fait : "There's no niggers in Legend". "Il n'y a pas de nègres dans Légende". C'est donc suite à cette remarque raciste d'un fan qu'il a crée le personnage de Païen dans le roi sur le Seuil.