David Gemmell
L'inscription donne accès aux sections Fantasy, SF, Historique, Ciné et Télé.

Rejoignez le forum, c’est rapide et facile

David Gemmell
L'inscription donne accès aux sections Fantasy, SF, Historique, Ciné et Télé.
David Gemmell
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Rechercher
 
 

Résultats par :
 


Rechercher Recherche avancée

-45%
Le deal à ne pas rater :
PC Portable LG Gram 17″ Intel Evo Core i7 32 Go /1 To
1099.99 € 1999.99 €
Voir le deal

China Miéville, Merfer

2 participants

Aller en bas

White Square China Miéville, Merfer

Message par Albéric Mer 13 Déc - 10:33

China Miéville, Merfer Pocket07236-2017

Résumé Merfer :
La Merfer. Elle recouvre l’essentiel de ce monde. Son dense réseau de rails, auquel on ne connaît ni début, ni fin, est la seule voie pour les hommes sur une terre devenue propriété d’un bestiaire terrible et fantastique.
Parmi ces créatures, la plus formidable de toutes, la gigantesque taupe albinos : Jackie La Nargue. Et à ses trousses, le Mèdes, un train taupier mené par la capitaine Picbaie qui traque la bête telle une obsession.
À ses côtés, le jeune orphelin Sham découvre l’univers de la chasse qui le mènera à ce train déraillé et au mystère caché dans ses entrailles. Il y fera une trouvaille énigmatique qui le conduira dans la plus folle des expéditions, jusqu’au bout de la Merfer, là où vivent les anges…




Je remercie mes amis du nouveau forum indépendant, mais complémentaire à Babelio, pour la participation de cette lecture collective. L’idée étant venue de moi, je suis obligé d’assurer pour cette ce compte-rendu de lecture ^^
China Miéville est l’un sinon le porte-drapeau du mouvement New Weird, qui est à la génération Y ce que le mouvement New Wave fut à la génération baby-boom (sauf que le punk et le « No Future », le néolibéralisme et le « TINA » sont passés malheureusement passés par là). L’auteur n’a jamais caché son engagement très à gauche, et contrairement à nombre d’artistes et d’intellectuels plus diseux qu faiseux lui n’a pas hésité à affronter l’ordalie du Suffrage Universel. C’est donc sans surprise qu’il balance quelques piques bien sentis sur l’impérialisme yankee (avec des références à la Guerre du Vietnam et aux écocides de Monsanto/Bayer), sur la désertion fiscale ploutocratique dont on mesure chaque jour les dégâts incommensurables, et le financiarisme marabouté par les mensonges vénéneux de l’Argent Roi et les illusions délétères du Veau d’Or (avec des rentiers dégénérés qui n’ont pas compris que la fin du monde avait eu lieu, et qui continue de compte avec avidité mais en pure perte les intérêt des dividendes et des royalties qu’ils espèrent encore toucher ^^) ^^).
China Miéville est littéralement un démiurge et ici c’est entre post-apo et Planet Opera qu’il brouille les pistes (à l’image de ce bon vieux Jack Vance ^^), avant de faire émerger du néant un univers tiersmondiste (pas forcément misérabiliste et pas forcément pessimiste), un monde dépotoir où les professions les plus enviées sont celles d’éboueurs bien particuliers : les exhumeurs s’intéressent aux vestiges du présent pour récupérer et recycler les ressources nécessaires à la bonne marche de la société, les archéxhumeurs s’intéressent aux vestiges du passé et les plus doués d’entre eux s’essaient à la rétro-ingénierie pour retrouver les secrets perdus de la science d’antan, et les alterexhumeurs s’intéressent eux aux étranges reliques laissés par les voyageurs des étoiles (nous sommes donc peu ou prou dans l’hommage à Stalker, le roman d’Arcadi et Boris Strougatski ^^).
China Miéville, Merfer CD753AC7CB26EDC8398269D5F615F49CE790F227

Dans cet univers, nous suivons une humanité coincée entre terre et ciel :
– passé 3000 mètres l’atmosphère est toxique, et habituée par un faune extraterrestre d’inspiration largement lovecraftienne ramenée d’outremonde par de malencontreux voyageurs de étoiles… Et les scaphandriers des cimes repoussent sans cesse les barrières de l’impossible pour explorer les sommets à la recherche de lieux de légendes comme la Scimérie, le toxicontinent mythique de l’outreciel !
– le plancher des vaches est devenu invivable car l’accumulation de déchets ont transformé l’écosystème en faune mutante féroce et vorace, ce qui a obligé les habitants à distinguer sousterre et plateterre… Vers de de la toundras gros comme des bras, rats-taupes nus gros comme des chiens (et qui en plus chassent en meute), gigatortues gaufrées, fourmilions cuisants, chevêches des terriers, perce-aux-rails, lapins draco…. Et au sommet d’une pyramide alimentaire faisant la part belle aux monstres éructhones trône Godzilla, euh pardon la terrible Talpa ferox rex : la Grande darboune australe ! (kaijûs power ^^)
China Miéville, Merfer Merfer%2Bill%2B4

Dans ces conditions les rochers deviennent des îles, les plateaux des pays, les chaînes de montagnes des continents, et la civilisation aurait cessé d’exister si la plateterre n’était pas parcourue par un réseau ferroviaire aussi dense qu’immense dont la création se perd dans la nuit de temps (et dont la maintenance est assurée par les mystérieux anges durailles)… De vaillants traineux s’élancent donc sur cette mer de fer, ou Merfer, pour relier entre eux les refuges perchés de l’humanité, et héros parmi ces cheminots l’auteur met sur le devant de la scène les taupiers qui n’hésitent pas à se frotter aux pires créatures ! (et il y a aussi les Baljis, des tribus nomades vivants sur des chars à voiles, qui suivent les troupeaux de chevaux sauvages ayant adopté le mode de vie nécessaire pour échapper à leurs nouveaux prédateurs)
China Miéville, Merfer Railsea-large

Dans Merfer nous suivons à travers les yeux de l’apprenti médecin Sham le train taupier Mèdes et son équipage.Mais nous sommes dans un roman d’apprentissage, et Sham est un adolescent qu’il s’intéresse essentiellement à un petite cercle de connaissances : Chauquette la chauve-souris apprivoisée, le médecin Lish Fremlo, le chef Ankush Roch et la capitaine Natasha Picbaie… Lui qui n’a jamais vraiment su ce qu’il voulait et qui finit aide soignant un peu par hasard est fasciné par la capitaine qui a dédié toute sa vie à la traque et à la mort de Jackie-la-Nargue, la légendaire taupe albinos géante…
Nous sommes évidemment dans un détournement du Moby Dick d’Herman Melville, chef-d’œuvre de la littérature américaine : Nantucket devient Haldepic, Achab devient Natasha Picbaie (Abacat Naphi en VO) et Moby Dick devient Jackie-la-Nargue (Mocker-Jack en VO). Mais pas que, parce que si Sham marche dans les pas d’Ishmaël, il est aussi Jim Hawkins de L'Île au Trésor ou John Trenchard de Moonfleet… (d’ailleurs il traîne un Robalson qui a une bonne tête de Long John Silver : quel dommage que ce dernier soit si peu utilisé !)
China Miéville, Merfer 0ad9191b

Nous sommes donc aussi dans l’hommage au roman d’aventure dixneuvièmiste, et de manière générale l’auteur a une très solide connaissance de la littérature du XIXe siècle dont il repend parfois le style, les codes et les thèmes. Sham suit donc fidèlement son capitaine, jusqu’au jour où dans un train échoué il découvre un disque de données, et sur ce disque de données décodés par un computeur il découvre des platographies de zones inconnues de la plupart des traineux, et l’une d’entre elles montre le bout de la Merfer, et donc la route possible menant au paradis terrestre… Il a trouvé comme son capitaine sa philosophie (mot qui dans le roman englobe les notions de but, d’objectif, d’ambition et d’obsession), et fait des pieds et des mains pour retrouver les enfants bien vivants de l’homme et la femme dont il a exhumé les défuntes dépouilles…

Et c’est quand il finit par les retrouver que le bât blesse : ATTENTION SPOILERS DANGEUREUX
:
China Miéville, Merfer Tumblr_nn0ju4f2uq1shfkt5o1_1280

Pourquoi tout ces interludes donnant dans le postmodernisme, dans lesquels l’auteur s’amuse certes à pousser le quatrième mur mais qui n’apporte rien au récit à part bouffer des pages et hacher le rythme de l’intrigue… Dans ce livre j’ai longtemps aimé le style impressionniste du récit qui met lecteurs et lectrices dans le peau de Sham avant de les bombarder de sensations et d’émotion, le tout associé à une recherche linguistique pour transcrire l’inversion terre/mer dans les idées, les mots et les images, avec une pléthore de néologismes dont il a le secret (genre les mouvements des trains remplacés par des bruits mécaniques ^^). Parmi ce baroque littéraire le remplaçant de « et » par « & » peut faire tiquer mais il prend place dans l’utilisation du langage pour faire passer un message métaphysique : si la merfer offre des choix de route infinis tous se font finalement en vase clos, alors que la vraie mer offre un seul choix de route pour des destinations infinies… (connaissant l’auteur nous sommes dans la satyre de la société : on nous dit que nous les hommes sont libres de leurs choix mais tous ceux-ci les fond tourner en rond, alors qu’en fait il en suffirait d’un seul véritable pour et atteindre l’horizon et marcher vers ce monde nouveau qu’est l’avenir ! « TINA » must die !!!)
Mais l’ensemble manque de dialogue dans la caractérisation et d’action dans la narration, et passé un cap l’auteur se regarde un peu écrire ce qui met une distance inutile entre les personnages et les lecteurs… C’est vraiment dommage car avec un peu de sense of wonder ce aurait pu et dû être bien au-delà et au-dessus d’un bon vieux blockbuster hollywoodien, mais d’un autre côté j’avais déjà ressenti la même chose dans Les Scarifiés et Le Conseil de Fer du même auteur (voire dans Perdido Street Station, mais cette distanciation s’atténuait avec le temps)…
China Miéville, Merfer C85caa49ee75e1e01aacecf5af273d76

PS: un grand bravo à Nathalie Mège, car traduire un auteur comme China Miéville ce n’est pas une sinécure, c’est une gageure !
Albéric
Albéric
Nécromancien

Date d'inscription : 16/01/2012

Revenir en haut Aller en bas

White Square Re: China Miéville, Merfer

Message par Oncle Kiin Mer 13 Déc - 18:09

Oula... Tout ce qui vient après ton spoiler, pour moi ça sera : "arrière, abomination damasiomorphe du Chaos !" China Miéville, Merfer 1988031761

Dommage pour les idées intéressantes et les aspects séduisants que tu cites, mais clairement la lecture de tes deux derniers paragraphes m'informe que ce n'est pas pour moi China Miéville, Merfer 1746674759
Oncle Kiin
Oncle Kiin
Tribun de la Pia fidelis

Date d'inscription : 12/02/2013

Revenir en haut Aller en bas

White Square Re: China Miéville, Merfer

Message par Albéric Mer 13 Déc - 18:19

Oncle Kiin a écrit:Oula... Tout ce qui vient après ton spoiler, pour moi ça sera : "arrière, abomination damasiomorphe du Chaos !" China Miéville, Merfer 1988031761

Dommage pour les idées intéressantes et les aspects séduisants que tu cites, mais clairement la lecture de tes deux derniers paragraphes m'informe que ce n'est pas pour moi China Miéville, Merfer 1746674759
Je me suis abstenu de la comparaison avec Alain Damasio, pourtant très pertinente.
Nous sommes en face d'un auteur pour hardcore readers, donc forcément clivant, mais je reste persuadé qu'il mérite la peine d'être découvert. Comme il rédige essentiellement des romans indépendants, j'estime que tout amateur de SFFF doit tenter sa chance...
Et ses essais sont très intéressants aussi (la crise des subprimes, le financiarisme londonien, la révolution russe, les relations entre marxisme et science-fiction...)


Dernière édition par Albéric le Sam 30 Déc - 7:04, édité 1 fois
Albéric
Albéric
Nécromancien

Date d'inscription : 16/01/2012

Revenir en haut Aller en bas

White Square Re: China Miéville, Merfer

Message par Oncle Kiin Mer 13 Déc - 18:36

J'ai Perdido Street Station que je tenterai un jour. Quant à ses essais, a priori c'est tout à fait le genre de trucs qui m'intéresse, mais après faut trouver le temps ^^
Sinon pour Merfer, au début de ta critique je voyais un truc à la Gaborit / Moorcock, voire Brussolo (que j'aime moins que les deux premiers, mais une fois de temps en temps une petite plongée dans ses univers barrés je dis pas non), mais au final je suis à peu près sûr que les faiblesses et coquetteries que dépeins ensuite me gâcheraient la lecture. C'est aussi un intérêt des critiques de pouvoir faire ce tri :)
Oncle Kiin
Oncle Kiin
Tribun de la Pia fidelis

Date d'inscription : 12/02/2013

Revenir en haut Aller en bas

White Square Re: China Miéville, Merfer

Message par Albéric Mer 13 Déc - 18:40

Ouiii... bien vu Serge Brussolo ! Il incarne le la french touch du courant New Weird !!! Je t'en dois une là, car j'ai bien avancé dans ma vision de la SFFF...
Albéric
Albéric
Nécromancien

Date d'inscription : 16/01/2012

Revenir en haut Aller en bas

White Square Re: China Miéville, Merfer

Message par Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum