Valerio Manfredi, L'Empire des Dragons

Edesse, 260 après Jésus-Christ. Le légendaire Marcus Metellus Aquila, chef de la garde personnelle de Valérien, empereur des Romains, vient de tomber dans un piège. Capturé en plein royaume de Perse, humilié, il réussit à s'évader et vient en aide à un mystérieux prince chinois dont le pouvoir a été usurpé par son ennemi mortel, l'eunuque Wei, et ses terribles guerriers, " les Renards volants ". Commence alors une expédition riche en péripéties qui mènera Marcus Metellus Aquila et sa légion au cœur de la Chine, à la découverte d'une civilisation cruelle et raffinée...

Celui-là, il est tentant : on s'éloigne des projecteurs historiques, ce qui laisse à l'auteur le soin de nous offrir une véritable intrigue originale. Le pitch pourrait devenir un film intéressant.
Par contre, les clichés ont la vie dure : la Chine, civilisation "cruelle et raffinée" c'est limite... :thumdown:

Une déception, une grande déception.

Dès les premières pages, j'avais la désagréable impression de déjà vu, pourtant ça faisait des mois que je gardais ce bouquin sous le coude pour en faire mes choux gras. Après deux chapitres complets, j'ai fait le lien : les prémisses de ce bouquin sont les mêmes que celles de L'Armée perdue, roman qu'il écrira 2 ans après L'Empire des Dragons.

Pourtant l'idée de départ est intéressante, provoquer la rencontre de deux grandes civilisations situées aux antipodes du monde. Pour cela, l'auteur introduit plusieurs personnages mais la plupart de ceux-ci ne seront présents que le temps de quelques pages, abandonnant ainsi des pistes fort prometteuses : la réaction romaine suite au kidnapping de l'Empereur Valérien, le sort du fils de Marcus Aquila, les efforts de recherches des Perses suite à la fuite des prisonniers romains. Bref, Manfredi s'est tellement concentré sur le sort de la douzaine d'évadés romains qu'il a négligé tout le reste. Dommage.

Donc, suite au copié-collé de 35 pages de L'Armée Perdue, on suit avec intérêt la descente aux enfers de l'Empereur Valérien, de Marcus Metellus Aquila et de la dizaine de légionnaires les accompagnant. Le roman tient la route jusqu'à la fuite de la mine d'Aus Daiwa et des péripéties qui s'ensuivent.

Puis vient la rencontre avec le mystérieux prince chinois, et là, ça tourne à l'eau de vaisselle et les invraisemblances s'enchaînent :

Faire la tortue - à dix - pour résister à l'encerclement et avoir tout de même la partie supérieure hérissée d'épées. Si on compte : deux boucliers devant; deux derrière; deux à droite; deux à gauche, il en reste deux pour abriter les têtes. Et les nombreux agresseurs sautent ''sur'' la tortue et se heurtent à de nombreux glaives ou pilums ???
Plus loin, dans l'arène, la même technique foire dès le début.

Puis l'accès au repaire du ''Lotus Rouge''. Cet endroit est introuvable depuis longtemps car pour y pénétrer, il faut arrêter son embarcation à un endroit précis, alors descend un treuil qui sera actionné pour monter l'embarcation en haut du rocher. Pourtant, lorsque la place forte sera attaquée, l'Armée de Wei se pressera à la porte sud de l'enceinte, sur la rampe d'accès.
Une rampe d'accès ?! Alors pourquoi monter un bateau avec un treuil pour pénétrer dans la ville ? Une rampe d'accès assez grande pour qu'une armée s'y introduise mais qui est cachée et introuvable depuis fort longtemps. Douteux.

Viens l'apprentissage du Go Ti et Marcus Aquila va se tenir en équilibre, tête en bas, tout son poids reposant sur un  seul doigt. Non, c'en est trop. Valerio Manfredi a voulu nous concocter un gestalt de Tigre et Dragon à la sauce romaine et la sauce ne lève pas, elle écœure, même.

Mon constat final, si ce roman état adapté au cinéma, seul Jean-Claude Van Damme pourrait  revendiquer le rôle-titre. C'est tout dire.

Au moins c'est clair.
Je serais méchant, je dirais que Valério Manfredi fournit plus de bon synopsis que de bons romans.
Pourtant son Tyran de Syracuse malgré ses défauts m'avait laissé sur une impression plutôt positive.