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Azincourt
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Azincourt
Bernard Cornwell - AZINCOURT (2008)
Nicholas Hook n'y croyait pas, pourtant il a survécu au terrible siège de Soissons. Il y a même sauvé la vie de la jolie Mélisande, menacée de viol par des soldats avinés. Ensemble, l'archer anglais et la jeune Française tentent de fuir les atrocités de la guerre. C'est oublier le roi Henri V, prêt à tout pour conquérir le trône de France...
Ça faisait longtemps que je n'avais pas lu un livre aussi rapidement, c'est plutôt bon signe ! Evidemment avec un tel titre, il n'y aucune tromperie sur la marchandise et l'on sait donc où l'auteur veut nous emmener : à la bataille d'Azincourt en 1415, une des plus grandes victoires de l’Angleterre face à la France, victoire écrasante qui devait faire continuer la guerre de cent ans pendant encore plusieurs décennies.
Azincourt est synonyme de prestige et de gloire pour l'Angleterre (cf Shakespeare et son fameux Henry V, que je n'ai pas lu, mais si Tarentio passe par là il pourra nous en dire plus), et pour la France c'est une défaite honteuse qui mit à mal notre chevalerie et notre mode de combat...
Avec un tel plot de départ, on aurait pu craindre le pamphlet nationaliste emprunt d'un manichéisme lourdingue dans ce contexte, à la gloire de l'Angleterre : chose que l'auteur arrive à éviter totalement. Oui Bernard Cornwell nous raconte la grand victoire anglaise mais son but est surtout de décrire ce que pouvait être la vie d'un homme d'arme dans ce contexte (des archers en l’occurrence). Les Français sont donc également mis à l'honneur quand il le faut : défenseurs héroïques de la petite cité portuaire d'Harfleur, geste chevaleresque quand ils veulent bien, combattants émérites...
La bataille finale qui constitue la dernière partie du roman est un très bon moment de littérature épique : très bien décrite, l'auteur nous fait parfaitement comprendre les erreurs grossières des français, indisciplinés et très mal commandés, et met en avant aussi le courage des anglais mais sans en faire des surhommes.
On aurait aimé cela dit que ça dure plus longtemps (on reste bien loin de l'ampleur épique de Légende, et il n'y a pas les petits focus humanistes qui font tout le charme de l'oeuvre de Gemmell).
Le roman nous raconte donc la vie d'une troupe d'archers enrôlés dans l'armée d'Henry V de leur parcours d’Angleterre jusqu'à Azincourt : toute la difficulté de l'expédition est très bien rendu, avec son lot de maladie... le but étant aussi d'expliquer leur motivation (essentiellement l'argent par le biais des rançons bien plus que la gloire de l'Angleterre), le poids de la religion etc.. L'auteur montre aussi, peut-être sans le vouloir, à quel point la guerre pouvait être plus noble à cette époque qu'aujourd'hui : nombre d'accord tacite, de règles de chevalerie sont respectés : des chevaliers français n'hésitent pas à approcher la colonne anglaise pour discuter sans craindre d'être fait capturés, les hérauts sont respectés, scène qui peut nous paraître improbable où les hérauts des deux camps assistent côte à côte à la bataille pour observer et déterminer qui sera le vainqueur. Qu'on est bien loin de la loterie/boucherie de la grande guerre de 14 !
Tout n'est pas parfait cela dit. Le roman comprend une sous-intrigue importante : le héros, Nicholas Hook, est impliqué dans une vendetta familiale contre un prêtre anglais et ses fils illégitime et doit se dépatouiller de tout ça et confronter son désir de vengeance avec sa foi religieuse de plus en plus importante. Bon, une histoire pas des plus originales, qui sert surtout de prétexte à montrer que chez les anglais il y avait aussi des salauds...On se base aussi sur une romance de départ qui débute de façon facile et naïve, très romanesque, mais heureusement que par la suite l'auteur nous épargne toute scène culcul (ouf!). Mais clairement, j'ai trouvé que cet aspect de l'histoire n'était pas des plus réussis, une sous-intrigue pas franchement indispensable donc, surtout que l'auteur avait trouvé une bonne idée pour approfondir son héros (qui n'est pas très attachant) en le confrontant à la foi religieuse (il entend des voix) : cet aspect était largement suffisant en soit.
On a droit à un personnage fort en gueule, sir John Cornwaille, dont chaque ligne de dialogue est un pur régal !
J'ai beaucoup aimé ces dialogues qui utilise en partie des tournures moyen-ageuse sans trop en faire afin de rester accessible : c'est très bon.
Un bon roman donc que cet Azincourt, pas dénué de défaut, mais dont le positif l'emporte nettement, en témoigne cette envie qu'on a d'arriver au plus vite à la grande bataille finale.
A la fin, l'auteur a eu la bonne idée de faire une notice expliquant les quelques libertés historiques qu'il a pu prendre.
Il était question d'une adaptation ciné, mais je ne sais pas où en est le projet.
Ps : un bémol de poids quand même : Cornwell parle d'une armée française de presque 30 000 hommes face à 6000 anglais. Il dit que c'est l'estimation la plus répandue, il apparaît que ce nombre, guère crédible à la base, est désormais on ne peut plus contesté. Il semblerait que les Français n'étaient au grand maximum que 15 000, contre pratiquement 9 000 anglais... et c'est une historienne anglaise qui le dit. Cela dit, c'est le fruit d'une étude publié qu'en 2009.. mais on s'en doutait fortement déjà. Ah les anglais, quelle mauvaise foi ! d'un rapport de 1 contre 6, on passe à 1 contre 2.
Dernière édition par Dark schneider le Lun 4 Mar - 17:12, édité 2 fois
Dark schneider- Unificateur des Nadirs
- Date d'inscription : 19/01/2009
Re: Azincourt
Très bon livre en effet, mais pas le meilleur de Cornwell. J'ai préféré de loin la série saxonne ou même encore les Sharp du même auteur.
Invité- Invité
Re: Azincourt
Moi le compte-rendu de Dark Schneider me donne envie.
Mais les Michel Lafon, c'est assez galère à dénicher comme bouquins chez mes dealers habituels...
Mais les Michel Lafon, c'est assez galère à dénicher comme bouquins chez mes dealers habituels...
Albéric- Nécromancien
- Date d'inscription : 16/01/2012
Re: Azincourt
Un super bouquin que j'ai eu le plaisir de lire en anglais alors que j'étais en Australie. Et bien figurez vous que il m'a plus plu que en français. Vu que cet événement est vu du côté anglais, c'est magique de le lire dans cette langue: "Come on you bastards!"
Je recommande ;)
Je recommande ;)
Kaelin-Ring- Légionnaire de la Martia victrix
- Date d'inscription : 09/05/2013
Re: Azincourt
Un super roman ! C'est juste dommage que l'intégralité des œuvres de Cornwell ne soit pas disponible en français. Celui-ci vaut le détour et est plus épique que le plus épique roman de Fantasy. Comme quoi le roman de fantasy prend souvent ses sources dans le roman historique.
Derfel- Prince de Dardanie
- Date d'inscription : 23/06/2010
Re: Azincourt
Arrêtez de me donner envie, ma PAL déborde déjà...
Albéric- Nécromancien
- Date d'inscription : 16/01/2012
Re: Azincourt
Il y a toujours de la place pour un roman de cette qualité...
Derfel- Prince de Dardanie
- Date d'inscription : 23/06/2010
Re: Azincourt
Je viens justement de commander les deux derniers Sharpe sur amazon, j'avais du retard.Tarentio a écrit:Très bon livre en effet, mais pas le meilleur de Cornwell. J'ai préféré de loin la série saxonne ou même encore les Sharpe du même auteur.
Un nouveau tome paraîtra à l'été 2014 : Le Régiment de Sharpe.
Derfel- Prince de Dardanie
- Date d'inscription : 23/06/2010
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