Outpost de Steve Barker (2008)

Résumé :

Sept mercenaires sont envoyés dans un ancien bunker au fin fond d'une forêt d'Europe de l'Est, non loin du Kosovo. Leur mission: escorter durant les prochaines 48 heures un homme d'affaire à un fortin de guerre abandonné. Une fois sur place, ils prennent conscience que le lieu n'était autre que le théâtre d'expériences scientifiques nazis. Alors qu'ils découvrent qu'ils ne sont pas seuls, ils vont rapidement découvrir ce qu'ils font là...

Celui-là, il a l'air bien. Je vous en parle dès que le vois. Déjà rien que Ray Stevenson...

J'ai enchaîné avec un film à faible budget mais drôlement impressionnant : Outpost !

Ray Stevenson est la vedette de ce film où des mercenaires se font payer pour accompagner un scientifique qui veut aller récupérer des "minéraux" dans un coin perdu de l'Europe de l'Est (secteur du Kosovo).
Ils découvrent un bunker abandonné par les SS et qui aurait servi à faire des expériences lors des derniers jours du régime nazi. Mais voilà que des corps sont découverts et qu'un mystérieux survivant semble vouloir demeurer apathique, plongé dans un coma qui le laisse à demi-conscient.

Outpost est un film plongé dans un univers de couleurs délavées : gris, jaunes, verts et teintes de bruns, à se demander si notre téléviseur HD a perdu ses teintes vives. Tout ça ajouté au fait que le décor est planté entre les souterrains sombres et mal éclairés du bunker et un extérieur au coeur d'une forêt plongé dans la nuit ne fait ne mieux sentir le trouble de ces hommes qui luttent pour leur survie contre un adversaire revenu d'un passé pas si lointain.

Steve Barker réussit son pari de nous bâtir un survival à la sauce SS-zombies-like et utilise très bien l'environnement propice pour nous faire sursauter en nous faisant entrevoir de pâles et furtifs mouvements dans l'obscurité. Si vous avez un bon home-cinéma, vous serez indisposé par les sons, les murmures, les voix qui vous entoureront.

Outpost filmé en 2008, un direct-to-DVD qui vaut le détour.

Notez que Steve Barker rempile pour Outpost 2 : Black Sun sorti fin 2012.

Concernant Outpost :

Scénarisation :
La formule est très bonne : on prend un film de guerre et on le transforme en film d’horreur.
La mise en place est bien fichue, les explications historiques et scientifiques tiennent la route
Ce survival-horror partait sur de bons rails.
Mais passé les révélations, comme dans Event Horizon cela se délite bien trop sur la fin.
Quelles sont les capacités des zombies ? Quelle est leur véritable nature ? Que veulent-ils ?
On n’en saura fichtrement rien. Tant pis. :|

Interprétation : :thumright:
Le casting est bon : une belle galerie de tronches qui nous offre 7 nouveaux mercenaires :
- Ray Stevenson en officier blasé de la Marine Royal Britannique
- Richard Brake en Marine américain (qui en fait un peu trop, c’est bien dommage)
- Paul Blair en Légionnaire français
- Brett Fancy en ancien commando russe
- Enoch Frost en ancien casque bleu belge
- Julian Rivett en mercenaire yougoslave
- Michael Smiley en parachutiste de l’armée britannique
On retient immédiatement leurs visages et leurs noms : c’est toujours un bon signe.
En ingénieur dépassé par les événements, Julian Wadham apporte une touche d’humanité.
Et que dire que Johnny Meres qui est archi flippant sans dire un seul mot du film ! :affraid:

Réalisation : :thumright:
Dès les 1ères images, on sent que c’est très stylé. La suite de dément pas cette impression.
Steve Barker nous fait traverser une sinistre forêt entre automne et hiver.
Puis il nous enferme dans un huis-clos oppressant très bien exploité.
Mais si certaines scènes sont géniales (la morgue, la partie d’échec, l’exécution du Breather), toutes les interventions des zombies ne sont pas réussies car on nous ressort de vieux trucs et astuces déjà usités ailleurs (les apparitions à la Mike Myers d’Halloween par exemple).
J'ai bien aimé aussi le film d'animation nazi accompagné de la musique du Hollandais Volant. ;)
Dans tous les gars un gars très talentueux dont on reverra le travail avec plaisir.

Visuels : :thumright:
La photographie est travaillée : gris, jaunes, verts et teintes de bruns collent bien à l’ambiance.
On a reconverti une usine d’armement galloise en bunker de la 2ème Guerre Mondiale : bravo !
De la même manière les extérieurs gallois qui nous font croire au Kosovo sont très réussis.
Un formidable boulot a été fait sur la lumière et l’éclairage.
En intérieur certaines scènes sont carrément flippantes à souhait !
En extérieur la confrontation obscurité/clarté rappelle la Forteresse Noire de Michael Mann.
Mais les zombies ne sont pas terribles terribles : ils ne sont pas ratés, mais on les voit trop peu.
Les effets gore sont très réussis car très réalistes. On évite la surenchère qui tourne à la parodie.

Bande-son : :thumright:
La musique de James Seymour Brett est vraiment très bien. Que dire de plus ?
On a énormément travaillé sur la partition et cela s’entend très bien dans le résultat.
C’est un compositeur inconnu au bataillon, qui d’emblée atteint le haut du panier.
http://jamesseymourbrett.com/projects/outpost/
Et on s’est bien fait plaisir avec l’inclusion de morceaux classiques…
(« Putain, ce que j’aime la culture ! » s’exclame le Marine durant une scène du film)
Les bruitages sont eux-aussi très réussis, même si ceux associés aux zombies sont un peu forcés.

Un DTV low budget ambitieux mais inabouti qui néanmoins fait la nique aux blockbusters ! :cheers:
Quand on pense que les producteurs ont du mettre leurs biens en gage pour boucler le budget…
On a des studios hollywoodiens qui mettent des centaines de millions de $ dans des projets semi-daubesques ou semi-ratés alors que des gens hypertalenteux galèrent pour sortir leur trucs.
Remarquez en France le Ministère de la Culture donne des centaines de millions d’€ pour que réalisateurs / acteurs bobos puissent continuer leur vie de nababs malgré leurs bides/fours.

Concernant Outpost 2 :

Scénarisation :
Je ne retrouve pas la belle homogénéité d’Outpost.
Disons qu’après l’introduction au Paraguay, le film est divisé en 2 parties :
1ère partie = rejoindre le bunker
2ème partie = éteindre la machine à champ unifié du bunker
En voulant faire plus hollywoodien, on se retrouve avec un truc plus décousu.
Les éléments ne se marient pas spécialement bien : la quête de la chasseuse de nazi, la conspiration du black sun, l’intervention de l’OTAN, les zombis nazis dont on ne sait toujours pas trop ce qu’ils veulent au final.
D’ailleurs le côté passe-muraille, essentiel au 1er opus, passe ici à la trappe…
Alors oui Steve Barker a bénéficié d’un plus gros budget, cela se voit dans les nombreux gunfights, mais on n’évité pas syndrome de la suite qui tombe dans la surrenchère en misant plus sur l’action que sur l’ambiance.
Et avec ses déclarations pompeuses sur Dieu, l’homme machine tombe carrément à plat.
Et puis il y a aussi trop de trucs qui ressemblent à des deus ex machina à la fin du film…
Par contre Steve Barker développe à travers les dialogues un discours intéressant sur le pouvoir : les nazis ne sont pas le mal ultime, mais seulement un avatar du mal ultime aka les crevards carriéristes prêts à tout et au reste pour obtenir plus de pouvoir et se sentir importants.
Moi j’appelle ces gens-là des sociopathes voire des psychopathes. Et cela nous dirige…
Je déteste ceux qui se réclament du pragmatisme car ils ne défendent qu’1 seule cause : la leur !

Interprétation :
En chasseuse de nazie Catherine Steadman est non seulement bonne actrice, mais aussi très mignonne ce qui ne gâche rien, et en ingénieur aventurier, Richard Coyle le fait bien mais pitié qu’il aille chez le coiffeur ! Dommage que ses liens avec Lena ne soient pas explicités.
Par contre les bidasses sont assez bas du front avec moult menaces, insultes et vociférations.
Je n’en dirais pas autant sur les survivants du 2ème acte qui eux s’en tirent vraiment pas mal.
L’excellent Johny Meres ne sert à rien et c’est dommage.
Bref, globalement le casting est moins bon.

Réalisation :
Mais si l’ensemble reste de bonne facture c’est plus inégal.
Si certaines scènes sont très bien, on recourt encore à de vieux trucs des filmes de genre.
Il y a trop de trucs repris d’ailleurs pour vraiment tirer l’ensemble vers le haut :
- les mises à mort collective au couteau sont des redites par rapport au 1er opus
- on retrouve des passages d’exploration à la 1ère personne style Rec
- on retrouve des passages d’action à la 1ère personne style Call of Duty, la shaky cam en plus
- OMG la sorcière nazie ricanante tout droit sorti de l’univers de Sam Raimi.
Et le pire c’est que ce passage WTF dure assez longtemps et n’apporte rien.
- on en fait des caisses avec la seringue de la mort dans le plus pure style torture porn
- la scène de la salle de la machine infernale fait sacrément penser au 1er Indiana Jones
- la scène de la sortie du Bunker n’est pas très loin de la scène de la sortie du Cube
On ne retrouve pas l’ambiance malsaine qui pouvait faire flipper dans le 1er film…
qui est désarmorcée par quelques fusils de Tchekov (la bague, les EMP, la conspiration).

Visuels :
Si la photographie est toujours de qualité, je la trouve moins bien pensée.
Pourtant il y a de nombreuses scènes du plus bel effet à la Jean-Pierre Jeunet.
On reprend les décors du 1er film : le Pays de Galles ressemble à Dargolad ! :green:
On sent plus de moyens dans la pyrotechnie.
Les maquillages et les FX sont plus réussis.

Bande-son :
OMG pourquoi ne pas avoir réengagé James Seymour Brett ?
Le score est trop bavard, trop bruyant voire trop pompeux.
Bref la musique est moins travaillée que dans le 1er opus et cela s’entend dans le résultat.
Elle colle moins aux images donc est moins efficace même si l’ensemble reste plus que correct.

Victime du syndrome de la suite, Outpost 2 est finalement moins bien qu’Outpost 1.
Par contre cela un grand plaisir de revoir la suite des aventures de Lena la chasseuse de nazie.