Blanche-Neige et le Chasseur de Rupert Sanders (2012)

Je l’ai vu : il se laisse bien voir grâce à la beauté des images...
... mais je me suis endormi 2 fois quand même.

Je ne suis pas un rageux qui a décidé de pourrir le film : commençons donc par les points positifs.
Le directeur artistique, aidé par une photographie inspirée a vraiment fait du bon boulot : l’ensemble est très beau à voir grâce aux paysages, aux décors, aux costumes, aux accessoires.
Sur ces plans là, peu de choses à envier à la trilogie de Peter Jackson.
Les dresseurs on aussi fait un beau boulot : les scènes à cheval très réussies… (dommage qu’elles soient repompées sur d’autres films)
J’ai eu peine à reconnaître le score de James Newton Howard tant une cohérence musicale peine à ressortir pour offrir une vraie atmosphère à ce film, mais globalement la musique accompagne très correctement les images.


Maintenant passons aux choses qui fâchent : :evil:

Les films fantasy commence souvent par une introduction où un narrateur omniscient nous résume la situation dans une succession de courtes saynètes à la manière des pages d’un livre d’illustrations qu’on feuillette.
Dans ce film ce passage obligé fait 45 minutes et il n’y a pas de voix off…
Bref on zappe d’une scène à l’autre sans lien, sans explication, sans transition dignes de ce nom !
Après les choses se tassent avec 1 heure de péripéties qui n’apportent pas grand chose :
La forêt des Ténèbres ? l’Epouvantail de Batman a balancé ses saloperies dans les bois et on navigue entre OMG et WTF. Le troll ? C’est cool et cela fait une scène d’action en plus (faut bien rentabiliser les FX). Le village lacustre ? C’est cool et cela fait une scène d’action en plus (et cela ressemble au film russe Dark Fantasy). La forêt enchantée ? C’est cool et cela fait une scène d’action en plus (et cela ressembler au film japonais Mononoke). La forêt enneigée ? Il fallait bien un contraste visuel pour Charlize Theron toute de noire vêtue !
Et là Blanche-Neige devient une guerrière intrépide et une vaillante meneuse d’hommes… ce qui nous emmène à la bataille finale qui présente l’exploit de ne pas offrir de bons duels !
Et c’est fort dommage car c’est la partie la mieux fichue du film.
En plus ce film nous offre une géographie qui défie les lois de la physique : certains personnages semblent se téléporter d’un lieu à l’autre alors que d’autres semblent bizarrement tourner en rond.
Et comme d’habitude avec les blockbusters, un nombre hallucinant d’incohérences !

Les personnages : ils sont terriblement mal écrits
La reine ? Son passé, ses motivations, l’origine de ses pouvoirs…
on passe outre, car visiblement on s’en fout !
Le chasseur ? Son deuil, sa femme, les conditions de son trépas…
on passe outre, car visiblement on s’en fout !
Le frère de la reine frôle le ridicule, et tous les autres sont terriblement creux.

Les acteurs : pas aidés par le scénario et les dialogues, ils sont obligés de surjouer pour exister.
Et Kirsten Stewart a bien du mal à remplir les 2h du film avec ses 3 expressions faciales.
Mais ce n’est pas grave car c’est l’Elue ! Et pourquoi est-elle l’Elue ? Parce qu’elle a la foi !

La réalisation : particulièrement maladroite
Dès que Charlie Theron apparaît, Rupert Sanders se sent obligé de faire du Tarseem Singh.
Il y a en moyenne plus de 15 à 20 plans par minute… Même quand il ne se passe rien !
C’est particulièrement indigeste à la longue car cela donne une impression de précipitation sinon de zapping : champ, contre-champ, plongée, contre-plongée, traveling, gros plans... on s’en fout car les FX rattrapent le tout ?
On nous balance moult effets tape-à-l’œil : les soldats réplicateurs en obsidienne, le miroir d’or liquide tout droit sorti de Terminator 2, les sortilèges et transformations de la Méchante Reine, les créatures de la Forêt des Ténèbres, les Créatures de la forêt enchantée… Et le pire, c’est que tout n’est même pas à l’avenant.
Car j’ai parfois vu presque mieux dans la série anglaise à petit budget Sinbad.

Et tout cela a coûté 170 millions de dollars : on pouvait assez facilement faire mieux.
Je n’ai pas honte de dire qu’il y a 25 ans Willow avec 5 fois moins faisait 10 fois mieux.


* Je voulais une histoire avec du suspens et des rebondissements : on les cherche durant 2h
* J’attendais des personnages intéressants : nada sauf la Reine et le Chasseur, mais ils sont ratés
Je prends l’exemple de la nuit de noce où Charlize Theron balance son perso en une tirade :

Spoiler:

Bref on aurait pu avoir un personnage intéressant, mais non on a droit à une hystérique narcissique qui s’habille comme un personnage non joueur chaotique mauvais de D&D et qui hurle pour un oui ou pour un non.
* J’attendais comme dans tous les films de cape et d’épées des bons combats et des bons duels, et là c’est vraiment bof-bof tant le montage épileptique vient pourrir les scènes qui auraient pu l’être. Ah oui et pas une goutte de sang dans une adaptation qui se veut mature et adulte, c’est vraiment prendre les gens pour des jambons.
* Dans mes rêves les plus fous, j’aurais pu m’attendre à une version carrément dark du conte de fées avec une ambiance noire voire glauque (comme ce qu’à fait Andrzej Sapkowski dans le Sorceleur) qui m’en aurait mis plein la vue et là Tarseem Singh s’imposait tant il excelle à esthétiser la violence physique et morale.